La passion du citronde Menton La passion du citronde Menton
Adrien Gannac est le premier jeune agriculteur de sa génération à s’être installédans cette production. En 2017, il a rejoint l’exploitation familiale.
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Sa carrière professionnelle, Adrien Gannac l’a toujours imaginée loin de l’exploitation familiale. « Mon père n’a jamais réussi à gagner sa vie avec la culture du citron de Menton, évoque-t-il. Il a tiré son épingle du jeu grâce à ses deux autres activités, jardinier et pépiniériste. » Après un bac économique et social (ES) en poche, le jeune homme intègre une école de commerce et de management à Nice (Alpes-Maritimes), s’envole aux Pays-Bas dans le cadre du programme Érasmus, puis effectue un stage en Nouvelle-Zélande. À son retour, en 2016, une chaîne de supermarché le recrute en alternance comme manager de magasin en région parisienne. « Je n’y suis resté que quelques mois », confie Adrien, aujourd’hui, âgé de 28 ans. L’expérience fut enrichissante mais, entre-temps à Menton, la situation du citron a changé.
Remontée des prix en 2017
Sur les marchés de gros, le citron se vend entre 7 et 9 €/kg alors qu’il s’échangeait 2 à 2,50 €/kg quelques années auparavant. Le fruit a obtenu une IGP (indication géographique protégée) en 2015 et l’exploitation familiale est en bio depuis 2016. Grâce à cela, la demande a repris des couleurs. « Les consommateurs prisent de plus en plus les produits locaux, typiques et de qualité », observe Adrien. Le citron de Menton est sucré, légèrement acidulé, très parfumé, avec une écorce sans amertume.
En 2017, le jeune homme s’associe avec son père sur la ferme de 1 ha, dont 0,75 ha de citronniers. C’est le premier jeune agriculteur de sa génération à s’installer dans cette production dans les Alpes-Maritimes. Il a étudié son projet : pour que l’activité soit rentable, la vente en direct s’impose, ainsi que la transformation d’une partie de la cueillette sur place. « Plutôt que de laisser cette activité aux industriels, nous avons décidé de l’assumer pour capter la marge et investir », résume Adrien.
Épicerie sucrée et salée
L’exploitation produit 12 t d’agrumes par an en moyenne, dont 75 % de citrons. La cueillette est manuelle, en janvier et février, et chaque arbre donne de 30 à 70 kg de citrons. Aujourd’hui, l’EARL transforme un tiers de la récolte. « Nous en sommes aux prémices, poursuit l’arboriculteur. Nous n’élaborons que la liqueur de citron et la confiture de kumquat. C’est 10 % du volume des produits d’épicerie que nous commercialisons. Le reste est confié à des prestataires extérieurs, en attendant d’avoir notre propre atelier de transformation, prévu pour 2020. »
Stars de la gamme : les confitures, avec 10 000 pots fabriqués par an. Celles au citron de Menton arrivent en tête des ventes. Adrien propose également des citrons confits et en poudre, de la pâte de fruit, une liqueur… Il a mis au point des recettes en partenariat avec des producteurs locaux : huile d’olive, vinaigre et tapenade aromatisés au citron, ainsi que deux sortes de bières artisanales. Tous les produits transformés sont commercialisés sous la marque « La Maison du citron - Menton », par différents circuits : sur l’exploitation, sur les salons, dans trois magasins de producteurs de la région, ainsi que via le site internet lancé en 2017.
Les deux autres tiers de la production sont vendus en frais à des particuliers et à des professionnels, artisans, confiseurs, pâtissiers, qui valorisent l’IGP dans leurs préparations.
Plantation de 700 arbres
La rentabilité passe aussi par l’augmentation de la production. Adrien et son père ont décidé de planter 700 arbres supplémentaires sur deux hectares d’ici 2022. Ce qui portera le verger à un millier d’arbres avec une entrée en production d’ici cinq à sept ans. Cent cinquante ont déjà été plantés sur 0,6 ha en 2018 et au printemps 2019. Un travail de titan puisqu’ici les citronniers ont la particularité d’être érigés sur des terrasses retenues par des murets. « Nous avons défriché, débroussaillé, terrassé, installé l’irrigation, clôturé… avant de mettre les plantiers », explique l’agriculteur. L’investissement est conséquent : 37 000 euros au total, 20 000 euros pour la plantation et 17 000 euros (2 500 euros par an) pour gérer la croissance du verger.Le prix de la reconquête du citron de Menton.
Chantal Sarrazin
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